Comment expliquer la hausse des prix de l’énergie

La hausse du prix de l’énergie concerne notamment la hausse du prix du gaz et de l’électricité, qui est le résultat de plusieurs facteurs survenant aussi bien du côté de la demande que de l’offre.

Du côté de la demande, hausse de la consommation en gaz et en électricité. 

Pour ce qui est de la hausse de la consommation en électricité, la reprise progressive de l’économie européenne et la hausse des températures dans le sud de l’Europe et notamment en Espagne au cours de l’été 2021 ont augmenté les besoins en électricité.  Il a fallu brûler beaucoup de gaz pour produire l’électricité indispensable à la climatisation par exemple.

Du côté de la consommation en gaz, on remarque non seulement une hausse de la demande au niveau de l’Europe mais également au niveau mondial.  En Europe, avec la hausse du prix du CO2 et la baisse des productions issues des énergies renouvelables, qui ont été inférieures à la moyenne, la demande en gaz n’a cessé d’augmenter car les centrales à gaz sont beaucoup plus sollicitées que les centrales à charbon pour satisfaire le reste de la consommation électrique européenne. Au niveau mondial, la forte demande en gaz de la part des pays asiatiques, notamment de la Chine où les usines tournent à plein régime, a contribué fortement à la hausse de la demande en gaz. En effet, la production électrique à partir des centrales à charbon a baissé de 15% en faveur des centrales à gaz afin d’honorer l’engagement climatique de la Chine. Ceci a eu pour conséquence la flambée des prix du gaz sur les marchés internationaux, entraînant ainsi des répercussions en Europe, car les pays producteurs de gaz comme la Russie et les États-Unis y voient là un coût d’opportunité temporaire. 

Du côté de l’offre, une quantité de gaz limitée

La hausse du prix de l’électricité est expliquée en partie par une offre de gaz limitée. En effet, le marché de l’électricité est lié au marché du gaz car le prix de l’électricité est indexé sur le prix du gaz. Sur les marchés électriques européens, les centrales à gaz servent d’étalon pour fixer le prix sur le marché de gros. Étant donné que la part d’électricité produite à partir du gaz ne représente que 19.7% du mix électrique européen et 6.9% en France, cette dernière, avec le nucléaire qui représente 67.1% de sa production d’électricité, devrait être protégée de cette hausse du prix. Mais le fait est que la hausse des prix des énergies touche l’Europe dans son ensemble car le marché du gaz, comme celui de l’électricité, est européen, et les États membres sont interconnectés. Par conséquent, une hausse du prix du gaz entraîne en amont une hausse du prix de l’électricité dans l’ensemble des pays européens. 

Mais pour comprendre les enjeux qui entraînent la limitation de l’offre en gaz, il est important de connaître d’où provient le gaz consommé en Europe et en France. 

D’où provient le gaz en Europe et en France ?

30% du gaz consommé par l’Europe est produit au sein même de l’Europe par les pays comme le Danemark, les Pays Bas ou la Roumanie, et 70% sont importés des pays tiers via des gazoducs et des méthaniers. Le gaz naturel importé par gazoduc représente 90 % des volumes importés par l’Europe et provient principalement de la Russie (40 %), l’Algérie (10%), la Lybie, l’Iran, et l’Azerbaïdjan. Les 10% restant sont liquéfiés et importés par des méthaniers par voie maritime en provenance des pays comme le Qatar, les États-Unis, le Canada, le Nigéria, le Pérou, l’Australie, Trinité et Tobago, et l’Algérie. En 2020, d’après les derniers chiffres publiés par le Ministère de la Transition Écologique, la France importe son gaz principalement de la Norvège (36% des importations en France), de la Russie (20 %), des Pays-Bas (8 %), du Nigéria (8 %), de l’Algérie (7%), et du Qatar (4 %). Ces pourcentages montrent que la France n’est pas dépendante de la Russie pour son gaz contrairement aux pays de l’Europe de l’Est qui importe 90% de son gaz de la Russie. 

Mais pourquoi l’offre de gaz est-elle limitée ? 

L’offre de gaz en Europe est limitée par des facteurs météorologiques, techniques et géopolitiques alors que les besoins augmentent. 

Durant l’hiver dernier, le stock de gaz en Europe a été déjà réduit laissant ainsi peu de marge pour l’hiver à venir. De plus, la production propre de l’Europe décline, due à un épuisement du gisement de gaz dans la mer du Nord. Outre cela, l’importation par voie terrestre (gazoduc) en provenance de la Russie est limitée par des tensions géopolitiques entre la Russie, l’Europe, et les États-Unis notamment avec le projet Nord Stream 2, un projet de construction d’un gazoduc de 1 230 km permettant d’alimenter l’Europe en passant par la mer Baltique. Il est financé à 50% par l’entreprise russe Gazprom détenue à moitié par l’État russe et à 50% par des entreprises européennes telles qu’Engie, Uniper, Shell etc. Ainsi avec Nord Stream 1 achevé en 2011, et Nord Stream 2 la capacité de gaz acheminée vers l’Europe sera doublée. Le principal bénéficiaire de ce projet est l’Allemagne qui a besoin du gaz russe pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables et sortir progressivement des centrales à charbon. Nord Stream 2 fait ainsi de l’Allemagne un hub du gaz russe, ce qui mécontente les pays limitrophes comme l’Ukraine et la Pologne car ce projet privera ces pays des dividendes issus des gazoducs.

De leur côté, les États-Unis avec leur gaz de schiste veulent conquérir le marché européen et concurrencer le gaz russe. En exportant leur gaz les Américains peuvent augmenter le prix de leur baril au sein de leur pays, leur permettant ainsi de générer plus de profits. Seulement, bien que le gaz américain soit moins cher à la production que le gaz russe, la liquéfaction et le transport le rend plus cher.  Par conséquent, l’acquisition du marché européen reste un peu plus difficile pour les Américains. Ainsi à partir de 2019, les États-Unis sous prétexte de dénoncer une dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis de la Russie sanctionne les entreprises européennes qui ont contribué de près ou de loin au projet Nord Stream 2, une sanction à laquelle la Pologne et l’Ukraine étaient favorables et que le reste des pays européens qualifiait de concurrence déloyale. Ceci a suscité des tensions au sein même des pays de l’Europe retardant ainsi la construction du gazoduc. Ces évènements politiques constituent un frein à l’approvisionnement en gaz en Europe alors que la demande est en forte hausse, d’où une flambée des prix sur le marché du gaz en Europe. La construction du Nord Stream 2 a été achevée par la Russie en septembre dernier et sera opérationnelle au cours de ce mois-ci, en espérant que cela stabilisera les prix du gaz prochainement et en amont le prix de l’électricité.  

Cette hausse du prix de l’électricité impacte les prix de détail payés par les consommateurs finaux du fait que l’énergie consommée représente 1/3 de la facture finale des consommateurs. Mais le fait que cette hausse se pérennise ou non dépendra des conditions météorologiques des temps à venir, ce qui est très difficile à prédire.


Quid du côté d’Energie d’Ici ?

  • Comme tous les producteurs d’énergie, nos producteurs ont souffert de la baisse de la consommation lors des confinements liés au Covid-19, ils ont dû mettre certaines centrales à l’arrêt tout en maintenant leurs équipes de production (environ 300 salariés interviennent chez nos producteurs pour entretenir les centrales). Avant de subir la forte hausse de consommation (voir l’article plus haut)
  • Ils ont également subi une hausse des coûts de matières premières et un retard des opérations de maintenance, qui ont eu pour effet d’augmenter le coût moyen de la production.
  • Énergie d’ici est la « boutique vitrine » des producteurs. Ce nouveau prix bénéficie directement aux producteurs pour pérenniser leurs activités et la développer au regard du contexte actuel.
  • Pour convaincre de nouveaux producteurs de nous rejoindre, il faut qu’on leur propose un prix en adéquation avec leur coût de production.
  • Énergie d’ici, c’est une structure juridique qui appartient aux producteurs, et qu’ils utilisent pour vendre leurs productions en direct à leurs adhérents. C’est le principe de l’agriculteur qui vend sa production sur le marché. Ils fixent eux même le prix de l’énergie commercialisée en adéquation avec leurs coûts.
  • Nous maintenons un tarif qui reste compétitif afin que nos adhérents conservent également un avantage à leur achat direct d’une énergie renouvelable produite localement.