Nos comportements d’achat face aux politiques et au prix de l’énergie

Les prix de l’énergie volent de record en record. Au plus bas — 20 dollars environ — en avril 2020, le baril de pétrole flirte avec les 90 dollars en février 2022. Pourquoi ?

Parce que, après sa paralysie due de l’épidémie de Covid, l’activité économique a fortement repris en Europe. Et qui dit reprise de l’activité, dit reprise de la consommation de pétrole, de gaz, de charbon et d’électricité. D’autres raisons participent également à la flambée de prix. Certains sites gaziers norvégiens et russes ont ainsi été mis à l’arrêt, pour maintenance. Or, ces deux pays figurent parmi les principaux fournisseurs de gaz à l’Europe. De même, la baisse irrémédiable de la production gazière des Pays-Bas concourt également aux difficultés d’approvisionnement. Et puis n’oublions pas les réserves de gaz parfois très basses dans quelques pays. Le tableau n’est guère meilleur pour l’électricité, en raison notamment de la faible production des renouvelables ou, en France, de pannes de plusieurs centrales nucléaires. Autre souci sur le Vieux Continent : l’indexation des prix de l’électricité sur ceux du gaz. Il suffit que les prix de celui-ci grimpent pour que ceux de celle-là leur emboîtent le pas.

Aider à consommer ou inciter à changer de comportement ?

Pour répondre à ces fortes hausses, les Autorités françaises ont décidé de distribuer des chèques énergie à une large proportion de foyers du pays. Difficile en effet d’accepter que de très nombreux Français renoncent à se chauffer faute d’argent, pendant que d’autres continuent de jouir du confort douillet de leurs logements surchauffés.
Pourtant, une étude récente, menée aux États-Unis : https://bit.ly/3JAJWyT, prouve que l’augmentation des prix est un moyen efficace pour modifier les habitudes. Et cela en contradiction avec une croyance largement répandue selon laquelle cette augmentation n’aurait aucune influence sur le comportement. Ainsi, l’introduction d’une taxe carbone pourrait inciter la population à adopter des pratiques plus vertueuses.
Les épisodes successifs des bonnets rouges et des gilets jaunes montrent que cette population n’est pas prête à l’admettre. Et force est malheureusement de constater que les mesures fortes, impopulaires, sont les seules qui puissent faire bouger les lignes. Compter sur la bonne volonté de chacun ou sur la concertation ne suffira pas, sans doute, à combattre le réchauffement climatique. Améliorer la performance énergétique des maisons non plus…

Attendre une nouvelle catastrophe ?

Avant le « grand confinement », la consommation d’énergie et les émissions polluantes n’avaient jamais chuté depuis plus de soixante-dix ans. Faut-il attendre deux conflits mondiaux et une nouvelle « crise de 1929 » pour réduire notre soif de pétrole ? En 2020, seule l’interdiction de circuler en voiture a permis de le faire. Ceux qui fréquentent les aéroports comme d’autres « l’épicier du coin» ont cessé leurs vaines pérégrinations seulement quand les avions ont été cloués au sol.
L’introduction d’une taxe carbone rendrait les voyages en avion plus chers et donc moins accessibles au plus grand nombre. Alors certes, ceux pour qui l’argent n’est pas un problème continueront de voyager en classe affaires. Le monde est ainsi fait.
Ce sont les efforts du plus grand nombre qui permettront de ralentir, puis de stopper le réchauffement de notre planète. Consommer moins d’énergies fossiles, améliorer la performance énergétique de son logement figurent parmi les plus sûrs moyen d’y parvenir. Quand bien même il faudrait, pour cela, augmenter les prix et imposer de nouvelles taxes.